Elle est née la divine enfant

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Mam’zelle Lulu a beau avoir plus d’un an, aujourd’hui j’ai eu envie de partager avec vous le récit de mon accouchement tel que je l’ai consigné dans mon carnet de grossesse. Je m’y adresse directement à Mam’zelle Lulu puisque c’est à elle qu’il est destiné, afin que plus tard elle sache comment elle est arrivée parmi nous (non non ce n’est pas la gentille cigogne qui est passée par là).


Mardi 31 janvier 2012 – 4 heures du matin

Ma chérie, ces derniers jours ont été éprouvants et avec papa nous avons hâte que tu arrives. Nous avons tout essayé (voiture, marche…) mais rien n’y fait. Cependant, cette nuit, alors que papa dort à peine depuis un quart d’heure, et maman guère plus, qu’il fait un froid de canard et que 15 centimètres de neige recouvrent le sol, tu te décides à pointer le bout de ton nez, ou du moins je ressens les premiers symptômes, car ça je ne le sais pas encore mais il va s’écouler pas mal de temps avant que nous découvrions ta frimousse. Mais pour en revenir à l’instant présent, quand je me suis levée aux alentours des quatre heures du matin pour aller aux toilettes, j’ai découvert des sortes de glaires pleines de sang (instant glamour à l’horizon). Panique à bord, affolée je réveille papa et nous sautons sur le dopler pour nous assurer que tu vas bien. Effectivement, pas de problème de ce côté-là, ton petit coeur bat parfaitement, voilà déjà de quoi nous calmer (au passage, on ne regrette vraiment pas l’achat de ce petit appareil). Etape numéro deux, maman téléphone au bloc obstétrical. Une gentille sage-femme me répond de venir à la clinique mais sans paniquer car il s’agit très probablement du bouchon muqueux qui est parti (aspect glaireux) et du col qui travaille (sang). Un peu sonnés à l’idée que le grand jour est enfin arrivé, papa et moi nous préparons donc avec fébrilité. On s’habille, on rassemble les dernières affaires et on descend les valises, prêts à braver le froid et la neige. Une fois que tout est casé dans la voiture, on tente de se lancer mais ça patine sévère dans la montée, impossible de sortir de la cour. Il en faut plus que ça à papa pour se décourager et après plusieurs tentatives, et un train de pneus, nous voici enfin sur la route direction la clinique.

5 heures 30

Nous arrivons à la clinique et vu l’heure nous sommes obligés de nous garer devant la sortie Nord. Nous allons au bloc obstétrical où on nous installe dans une salle d’examen. Le monitoring est mis en place après avoir répondu à quelques questions et fourni les papiers demandés, parmi lesquels figure celui avec tes prénoms. Ca fait bizarre de les dire pour la première fois à quelqu’un d’autre puisque jusqu’à présent seuls papa et moi les connaissions.

7 heures 45

On s’installe dans la chambre qui sera la notre durant notre « séjour », la 522. La table à langer et la petite baignoire intégrées à la pièce me font vraiment prendre conscience que tu vas bientôt arriver.

10 heures

Je tente de m’asseoir sur le ballon, comme aux cours de préparation à la naissance, mais celui de notre chambre est dégonflé (pas top et hyper casse gu***e). Nous devrions avoir vu la sage-femme depuis une heure mais comme personne ne semble décidé à venir, je me permets de sonner. Là on m’explique que c’est en fait à nous d’aller au bloc obstétrical. Visiblement nous nous sommes mal compris et ça aurait pu durer encore longtemps. ^^ Enfin bref, nous retournons donc là-bas et le monitoring est réinstallé. Après environ trois quart d’heure, il s’avère que les contractions sont toujours là (une environ toutes les 4 minutes mais ça je le savais déjà, merci), que le col est à 3 (ça n’a pas avancé de façon spectaculaire mais bon, pour un premier enfant il paraît que c’est normal) et que tu es encore plutôt haute et en arrière. Pas grand-chose à faire à part attendre, nous retournons donc dans notre chambre. Nous devons refaire le point dans deux heures.

13 heures

Nous voici de retour auprès de Peggy pour le désormais rituel rendez-vous échographie/examen du col. Je dois t’avouer qu’étant donné ta position, cette partie là est plutôt douloureuse, j’ai l’impression à chaque fois qu’elle tire de toutes ses forces sur mon utérus afin de l’arracher à mains nues mais papa est toujours d’un soutien sans failles.

15 heures

La même en couleur, tu as compris le principe, nous voyons la sage-femme toutes les deux heures. Malheureusement, ces visites n’apportent pas leur lot de surprise puisque tu restes obstinément dans la même position et que le col ne se dilate pas plus. Sur les conseils de Peggy, Papa et moi déambulons dans les couloirs de la clinique pour tenter de te faire venir mais ça ne fonctionne pas, par contre je peux te faire un plan détaillé des lieux (notamment ceux où on trouve de la nourriture parce que je commence à avoir la dalle). Bien qu’ayant eu rendez-vous avec l’anesthésiste, j’ai souhaité essayer de te mettre au monde sans péridurale. Pour l’instant je tiens bon mais il est vrai que ça me décourage un peu d’en être toujours au même point alors que les contractions ont commencé depuis ce matin et qu’elles s’intensifient.

16 heures 30

Je pleure de douleur chaque fois que la sage-femme vérifie le col et cette fois ci ne fait pas exception. Tu es décidément une petite coquine car si tous les signes d’un accouchement imminent sont là, tu refuses pourtant obstinément de descendre. Nous sommes à 9 jours de la date prévue pour ton arrivée (9 février donc), tu dois être toute belle et tu es arrivée à maturité, ne sois pas timide ma chérie, viens vite nous rejoindre.

17 heures

Voilà douze heures que nous sommes arrivés à la clinique papa et moi. J’ai très peu dormi la nuit dernière, je n’arrive pas à m’assoupir à cause des contractions qui deviennent de plus en plus violentes et rapprochées, la situation n’avance pas et visiblement tu ne vas pas arriver dans l’immédiat. Pour toutes ces raisons, la sage-femme parvient à me convaincre qu’on me pose la péridurale. Elle ajoute que c’est selon elle la meilleure décision car le moment venu je risque d’être trop fatiguée pour pousser et cela finirait en césarienne. Je ne sais pas pourquoi mais ce choix m’attriste, moi qui avait tant envie de te mettre au monde sans. Cependant, ses arguments sont fondés, je sais qu’elle a raison.

17 heures 30

Nous quittons notre chambre pour nous installer en salle d’accouchement. L’activité de la maternité est plutôt calme aujourd’hui et nous avons droit à la meilleure salle, yeah. Le petit lit (qui ressemble étrangement à un aquarium sur roulettes) contre le mur nous émeut énormément, dans quelques heures tu seras dedans. Nous y disposons tes vêtements, ceux en taille naissance, mais j’ai prévu une tenue 1 mois, au cas où. On demande ensuite à papa de sortir car l’anesthésiste va me poser la péridurale, non sans peine. Je suis tombée sur une affreuse sorcière pas du tout aimable et peu encline à la communication. A ce moment là je pleurais comme une madeleine (les hormones ? la fatigue ? la décision d’opter pour la péridurale ?) et elle ne m’a pas du tout aidé à me détendre. Pire, c’est limite si elle ne m’a pas aboyé dessus parce que je n’étais pas assez courbée, pas détendue et que je bougeais trop. Sur le papier elle n’a pas tort mais elle a déjà essayé de rester zen avec des contractions elle ? Ou bien en pensant qu’une aiguille géante va lui transpercer le dos ? Ou encore en pleurant toutes les larmes de son corps ? Comme si ça m’avait amusée qu’elle doive piquer plusieurs fois ! Sa méthode n’aidait franchement pas et seule la sage-femme présente à mes côtés m’a permise de trouver la bonne posture sans sourciller. Merci à elle.

18 heures

Plus j’y réfléchis et plus je me dis que l’anesthésiste était vraiment une pét**se. Pour sa défense cependant, je dois avouer qu’elle a parfaitement dosé la péridurale. Je ressens les contractions mais sans souffrir. Moi qui avait peur d’être spectatrice de mon accouchement, je suis aux anges. Enfin façon de parler car pour de vrai ce n’est pas la joie. Mon col n’est ouvert qu’à 5, je finis par me demander si le 10 tant attendu arrivera un jour. En attendant, maintenant que la péridurale est posée, la sage-femme va percer la poche des eaux pour tenter d’accélérer les choses, enfin techniquement c’est sa stagiaire qui va le faire. J’ai honte de le dire car je comprends tout à fait que cette jeune demoiselle doive s’exercer, mais cette nouvelle ne me rassure pas du tout. Finalement, tout se passe bien.

19 heures

Plus de pleurs pour le moment, je suis même plutôt détendue. Je persuade papa d’aller manger un morceau parce que bon, la nuit risque d’être encore longue. En plus on habite pas loin alors pourquoi se priver ? Le pauvre est sur les rotules (je rappelle qu’il n’a dormi qu’un quart d’heure la nuit précédente) mais cela ne l’empêche pas d’être adorable et aux petits soins.

20 heures

Quand papa revient enfin c’est la catastrophe, les vannes sont ouvertes (mais pas les bonnes). La sage-femme (qui n’est plus Peggy mais une de ses consoeurs) m’a laissé entendre que si ça durait encore trop longtemps on devrait effectuer une césarienne. Ce n’est pas tant « l’opération » en elle-même qui me terrifie, après tout si c’est pour ton bien-être c’est le principal, mais plutôt le fait que papa ne puisse être présent. En effet, la sage-femme nous a informé qu’ici les papas ne sont pas autorisés à venir au bloc à cause d’un problème d’assurance (visiblement la clinique n’est pas couverte en cas de pépin). Mais bon je garde espoir. Papa me remonte le moral et me raconte qu’à l’extérieur le temps est exécrable. Il neige à gros flocons et la route est limite praticable.

21 heures

Col ouvert à 6. Yeahhhh, ça c’est une super nouvelle. Cette fois je pleure de joie, bientôt tu seras là. Quand on y pense c’est très étrange. 9 mois que je te porte, 9 mois que nous préparons ton arrivée, et alors que nous n’avons jamais été aussi près (ton père déteste cette expression) de te serrer contre nous, tu sembles presque plus irréelle qu’à n’importe quel autre moment de la grossesse.

22 heures

Nous en sommes à 7, ça avance. La césarienne semble pour l’instant être écartée, je croise les doigts. J’appuie occasionnellement sur le bouton poussoir pour gérer la péridurale et même si j’ai toujours un petit regret de ne pas avoir fait sans jusqu’au bout, je dois reconnaître que c’est sensationnel de pouvoir sentir les contractions sans être pliée en deux.

23 heures

Col ouvert à neuf, la sage-femme et nous prenons les paris pour savoir si tu seras là avant minuit. Bébé du dernier jour de janvier ou du premier de février ?

23 heures 30

C’est parti mon kiki, le moment tant redouté et attendu à la fois est enfin arrivé. Les pieds dans les étriers, les fesses légèrement relevés (position dans laquelle je ne suis pas mal du tout), je commence à mettre en pratique les conseils appris aux cours d’accouchement. Papa est tout prêt de moi, il me tient la main, me brumise le visage de temps en temps, m’encourage… Durant la grossesse, quand je m’imaginais cet instant, j’avais peur d’être gênée que tant de monde (deux personnes en fait) s’occupe de mon Intimité, mais pour de vrai tout de suite c’est le dernier de mes soucis.

23 heures 40

Selon les sages-femmes je me débrouille très bien (je les soupçonne quand même de dire ça à tout le monde ^^) mais tu es placée plutôt haute et malgré mes effort tu n’es toujours pas là. Allez, on tient le bon bout, il faut continuer.

23 heures 50

La sage-femme nous explique qu’elle va appeler mon gynécologue car tu descends très bien quand je pousse mais tu remontes dès que j’arrête (en gros tu fais le yoyo, hihi). Il va donc falloir utiliser la ventouse et à ce moment je m’imagine déjà un bébé tout droit sorti d’un film de SF avec un crâne ovoïdal.

Minuit

Tu seras donc un bébé du 1er février. Mon gynécologue arrive et se met au travail. Il décide de faire une épisiotomie (ah tiens, ça aussi j’étais contre) car tu sembles être un bébé de belle taille. En tout cas à partir de ce moment là tout va très vite, je le sens farfouiller en bas puis il me dit de tout donner lors de la prochaine contraction, ce que je fais. Visiblement c’est efficace car il ne tarde pas à m’ordonner de ne plus pousser (pas facile) pour libérer la tête et faire passer convenablement les épaules (sensation très étrange).

Minuit douze

Ca y est, tu es là, le petit fruit de notre amour, notre Clémentine. Je n’en reviens toujours pas. Tu es juste parfaite, incroyablement belle et l’émotion me submerge quand on te pose sur moi. On m’avait bien raconté à quel point ce moment est unique et indescriptible, j’étais sceptique mais c’est totalement vrai. Je pense qu’on ne peut pas le comprendre tant qu’on ne l’a pas vécu. Papa est très ému également. Tu ne hurles pas, tu nous regardes (oui oui tu as déjà les yeux ouverts) avec zenitude et nous faisons connaissance. Le gynécologue nous sort de notre bulle en demandant à papa s’il souhaite couper le cordon. Il répond que oui et s’exécute (j’avoue que jusqu’au dernier moment je me suis demandée s’il allait vraiment le faire). Le gynécologue me recoud en faisant des points en surjet (j’en ai été très contente, mon intimité a très bien cicatrisé et le fil est parti tout seul au bout de quelque temps) tandis que les sages femmes s’affairent. Elles proposent à papa de te prendre mais je crois qu’il est encore un peu fébrile et il préfère attendre. Les sages femmes acceptent mais au bout de quelques minutes elles font style qu’elles ont absolument besoin de bouger je ne sais quel truc sur la table de travail où je me trouve et te dépose délicatement dans ses bras (malines les nanas, on sent qu’elles ont l’habitude et qu’elles n’en sont pas à leur coup d’essai avec les papas timides). La fierté et l’émotion se lisent sur ton visage, un instant magique qu’une des sages femmes (qui d’un coup n’est plus du tout occupée) immortalise.

Voilà, c’était le récit de mon accouchement, l’un des plus beaux jours de ma vie. J’ai oublié de préciser que tu pesais 3,720 kg pour 51 centimètres et un périmètre crânien (au passage un très joli crâne, pas du tout déformé par la ventouse) de 37 centimètres (on a bien fait de prévoir des habits taille 1 mois car ceux de naissance étaient trop petits). Il manque probablement des détails mais je suis heureuse d’avoir couché sur papier le gros du déroulement de cette journée si spéciale. J’ai eu la chance que tout se passe bien et au final je n’ai regretté ni la péridurale ni l’épisiotomie (comme quoi il ne faut pas se faire d’idées préconçues).

Luna63

19 Réponses

  1. Wahou. Ce billet est très émouvant. Quand Mini Parisienne est née, c'était très dur mais au fil du temps on passe les mauvais moments pour garder que le meilleur de cette belle aventure à 3.

    • Merci, c'est adorable. Je suis sûre que j'ai oublié un tas de petits détails pourtant et que je n'ai pas suffisamment développé d'autres parties mais bon, j'espère que ma Lulu sera contente de découvrir ça dans quelques années. Ca a été un peu long mais quel bonheur quand elle est née, ça valait le coup.

  2. C'est super précis! Je tiens aussi un journal pour mes deux enfants et j'ai écrit mes accouchements à la maternité mais je ne me souvenais pas de toutes les heures comme ça. Surtout quand il n'y a pas d'horloge dans la salle d'accouchement, ou alors dans le dos, on perd vite la notion du temps! Ca s'est plutôt bien passé en tout cas, long mais pour un premier, c'est normal.

    • Oui j'ai eu beaucoup de chance, l'accouchement c'est très bien passé et même ma grossesse a été nickel. J'ai tendance a tout noté, après le journal de grossesse y'a eu le journal des premiers repas de bébé (pendant 8 mois quand même) et j'ai aussi un journal de bord avec son évolution, ses petits exploits, ses premières fois… Une vraie frappadingue du carnet de notes, hihi. Mais pour en revenir à l'accouchement j'ai tout le temps eu l'heure sur moi ou sous les yeux donc c'était pratique.

  3. rien qu'en lisant le titre je savais que j'allais pleuré … merci ! tu as embelli ma journée et c'est en lisant ça que ça me redonne confiance !!!
    un bel accouchement !! et moi aussi le premier fessait 3kilos 700 😉 décidément !
    un bien beau souvenir pour cette jolie Clémentine

    • Oh ma non, faut pas pleurer ma petite -Ma-. Garde espoir ma belle, je suis intimement convaincue que tu as de quoi. Effectivement c'était un chouette accouchement, sans problèmes, tout comme ma grossesse. Oui 3,7 kilos ma Lulu, une belle Clémentine quoi (^^), comme tu dis c'est encore un signe.

    • Oui je crois, enfin je me dis que moi j'aurais adoré en tout cas. Elle sait se faire désirer Mam'zelle Lulu, 10 ans avant de la concevoir et pas loin de 20 heures pour la mettre au monde, hihi. Mais elle en vaut la peine.

  4. C'est fou comme la larmichette me monte vite à l’œil dès que je relis un récit d'accouchement. Et je me retrouve beaucoup dans le tien au moins pour les 18 premières heures de travail (avec un col tellement loooooooooooooooong à travailler) puisque ma puce ne voulait tellement pas descendre qu'il a fallu me césariser en urgence.
    Au final, c'était loin de mes idées préconçues mais la santé de PetitChou primait sur tout et l'essentiel c'est qu'elle soit là en pleine santé. Et qui sait, ça se passera peut-être plus facilement la prochaine fois…

    • D'après la sage-femme pour un premier ce n'est pas exceptionnel, même si selon en général les mamans sont souvent plus proches des 12 heures. M'enfin bon, elles savaient se faire désirer dès la naissance nos nénettes, hihi. Et puis c'est vrai qu'on voit bébé plus rien d'autre ne compte. J'avoue que la césarienne m'effrayait et m'angoissait un peu mais la santé de bébé étant plus important que tout si ça avait dû être pratiqué ça n'aurait pas été grave, enfin pour moi je veux dire. Allez, on croise les doigts pour les deuxièmes, ils arriveront si vite qu'on aura pas le temps de dire ouf, hihi.

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